Bible et liturgie : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Deutéronome 8,3 ; Matthieu 4,4)
Nous sommes habitués à entendre chaque dimanche trois extraits de la Bible lors de la célébration eucharistique. Pourtant, mesuré à l’aune de l’histoire de la liturgie, ce qui nous paraît familier aujourd’hui, est une tradition relativement récente. Elle remonte à la réforme mise en place lors du concile Vatican II (1962-65). Le premier texte promulgué par le concile traite de la liturgie et s’inscrit dans le renouveau liturgique et biblique déjà en mouvement depuis le 19e siècle. La réforme mise en place ne s’est pas limitée à une révision et une adaptation des rites (adoption de la langue du pays, communion sous les deux espèces, etc.), mais tend avant tout à faire redécouvrir la liturgie comme lieu de présence et de rencontre avec le Christ.
« Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20)
Le concile a élargi la notion de présence du Christ, souvent interprétée uniquement comme présence dans le pain et le vin consacrés. « Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Eglise les Saintes Ecritures… il est là présent lorsque l’Eglise prie et chante les psaumes… » (Constitution sur la liturgie, §7). Il s’en est suivi un élargissement de la sélection de textes bibliques lus lors des célébrations eucharistiques en répartissant le cycle des lectures sur trois années. Des extraits du Premier Testament ont trouvé leur place avant les lectures tirées du Deuxième Testament. Afin que toute célébration soit pour le chrétien l’occasion d’entendre la Parole de Dieu, la lecture biblique est devenue partie intégrante de toute célébration sacramentelle, y compris celle qui ne se déroule pas pendant une célébration eucharistique (un baptême, par exemple).
Récits bibliques et vie quotidienne
Les textes du Premier Testament témoignent de la vie et de la foi du peuple d’Israël. A travers le Deuxième Testament, nous découvrons le message laissé par Jésus et le témoignage de foi des premiers chrétiens. Pour le croyant, ces textes n’ont pas seulement un intérêt historique. Nous croyons qu’à travers eux Dieu et le Christ continuent à nous parler aujourd’hui. Mais en sommes-nous toujours conscients ? Percevons-nous que leur message peut nous rejoindre dans notre vie quotidienne ? Voyons-nous à quel point certains de ces récits vieux de plus de deux mille ans sont proches de nos expériences ? Quand nous nous sentons écrasés par le poids des épreuves et la souffrance, entendons-nous résonner les paroles adressées à Moïse : « J’ai vu la misère de mon peuple… et je l’ai entendu crier… Je suis descendu pour le délivrer… (Exode 3,7-8). Quand nous nous interrogeons sur les priorités à fixer ou quand nous hésitons sur le choix des valeurs à mettre en œuvre dans nos activités, nous laissons-nous guider par la proclamation des béatitudes (évangile du jour de la Toussaint, Mt 5,3-11) : heureux les doux, les assoiffés de justice, les miséricordieux, les artisans de paix, … ?
Les textes que nous propose la liturgie se révèlent inspirants si nous nous donnons la peine de les confronter à nos vies. Non au sens où nous ils nous fourniraient des recettes à reproduire telles quelles, mais au sens d’un héritage à revisiter en fonction du contexte aujourd’hui. Ils deviennent alors éclairants car ils sont porteurs d’une lumière capable de dévoiler la direction dans laquelle avancer.
Une nouvelle traduction liturgique de la Bible
En 2013, de longues années de travail ont abouti à une traduction qui se prête mieux à la lecture publique des textes et à leur compréhension par l’assemblée qui n’a pas le texte écrit sous les yeux. Cette traduction qui se trouve maintenant dans tous les missels, est disponible en ligne sur le site de l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones www.aelf.org/bible En septembre 2020, les éditions Salvator en ont publié une version enrichie de notes explicatives. |
Marie-Elisabeth Kiessel