Au cours de ce mois dédié à la Vierge Marie, le pape François invite tous les chrétiens catholiques à « découvrir la beauté de la prière du chapelet chez soi » en particulier en ce temps d’épreuve.
Le Père Léonidas nous propose une redécouverte de cette très belle tradition à travers l’histoire de l’Église et nous explique pourquoi il est bon de prier le chapelet.
Une longue tradition
- Dès les premiers temps de l’Eglise (voir la Pentecôte), Marie est unie aux disciples de Jésus dans la prière.
- Au IIIe siècle, les chrétiens reprennent les paroles de l’ange Gabriel pour recourir à Marie : « Je vous salue, pleine de grâce ».
- Au XIIe siècle, la dévotion à Marie prend une importance considérable en Occident : l’Ave Maria devient une prière populaire. C’est le début du Psautier de Marie.
- Au XIVe siècle, les chrétiens couronnent les statues de Marie avec des petits chapeaux de fleurs ou chapelets, ou avec des guirlandes de roses ou rosaires. À cette époque, chaque Ave Maria est comme une rose offerte à la Vierge Marie.
- Au XVe siècle, est né le Rosaire et le frère Alain de la Roche en fut le grand apôtre.
- En 1571, le pape Pie V institue comme fête de Notre-Dame du Rosaire le 7 octobre.
- En 1572, le même pape officialise la liste des quinze mystères et le chapelet devient la prière du peuple.
- Au XVIIIe siècle, le mois de mai est dédié à la Vierge Marie.
- Du XVIIIe siècle au XXIe siècle, voici les grands apôtres du Rosaire (ou le chapelet) : Louis-Marie Grignion de Montfort, Pauline Jaricot, Bernadette Soubirous, Maximilien Kolbe, Bartolo Longo, beaucoup de papes (dont Léon XIII connu sous le nom de « pape du Rosaire », Pie X, Pie XI, Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II).
- En 1917, à Fatima, Marie déclare à trois enfants: « Je suis Notre-Dame du Rosaire. Je suis venue pour exhorter les fidèles à réciter chaque jour le chapelet, à faire pénitence pour leurs péchés et à changer de vie ».
- D’octobre 2002 jusqu’en octobre 2003, le pape Jean-Paul II proclame une année du Rosaire et ajoute aux quinze mystères, joyeux, douloureux, glorieux, les cinq mystères lumineux.
Pourquoi prier le chapelet ?
Répondre à cette question revient à comprendre d’abord pourquoi la prière et comment prier. L’Église, à la suite de son Chef (le Christ), ainsi que de nombreux témoins de la foi nous apprennent à prier. L’une des définitions de la prière que j’aime personnellement est celle de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Pour moi, la prière c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie. » Mais si la prière est un élan ou « une élévation de l’âme vers Dieu » (saint Jean Damascène), elle reste un don de Dieu. Ainsi l’homme est-il toujours libre de l’accueillir ou non. Toutefois, dans sa volonté et sa liberté d’accepter l’invitation de Dieu pour une rencontre heureuse, à l’homme est demandé surtout la simplicité. Seul celui qui est humble peut entrer sincèrement dans la prière et y recueillir beaucoup de grâces.
Il en va de même avec le chapelet, qui est une prière, un jet de regard vers le ciel avec Marie et par Marie l’humble servante du Seigneur. Que c’est beau de lever nos mains vers Dieu avec celle qui nous a donné son enfant ! Ainsi donc, ceux qui pensent que le chapelet n’a pas sa place dans nos prières ou qu’il s’agit d’une déviation se trompent. Car le Christ reste notre Médiateur vers son Père et notre Dieu. Mais la Vierge Marie est toujours la Mère du Fils de Dieu, la Mère de l’Église et notre Mère. C’est pourquoi le concile Vatican II reconnait qu’à travers l’honneur rendu à la Mère du Christ, c’est pour qu’il soit connu, aimé, glorifié (Lumen Gentium, n° 66). Quant au pape Jean-Paul II, « le Rosaire est la contemplation du Christ dans ses mystères, en union intime avec la Très Sainte Vierge Marie ».
Et si les papes ont prié le Rosaire, s’ils ont encouragé les fidèles à recourir à la Vierge Marie, c’est parce qu’ils en connaissent l’importance. Qui suis-je alors pour douter de Marie (la Mère de Dieu) ou de son chapelet ? Avec d’autres priants du monde chrétien catholique, nous sommes invités à témoigner de la valeur de cette prière tant oubliée. Notre première mission est de l’aimer et la faire connaitre autour de nous. Sans oublier de raconter partout les merveilles de Dieu grâce au “oui” de la Vierge Marie. Le chapelet n’est pas une prière réservée aux personnes âgées. Il est pour tous : tous les états de vie et pour tout âge. Depuis longtemps, c’est la prière des humbles comme Marie, la maman de Jésus. Beaucoup l’ont prié seul ou ensemble à la maison, en famille, à l’église ou dans une chapelle du village. Et l’unique secret pour cette prière, comme je le disais plus haut, c’est la simplicité. Or, nous le savons bien, avec cette vertu, Dieu s’invite facilement chez nous. Et avec lui, c’est la paix dans nos cœurs. C’est pourquoi le pape Pie X exhortait les familles à ne pas manquer à cette prière : « Si vous voulez que la paix règne dans vos foyers, récitez-y le chapelet en commun. »
En mai, nous fêtons les mères. En pensant à toutes les mamans, les chrétiens catholiques célèbrent particulièrement (tout le mois de mai) la Mère du Fils de Dieu, mais aussi notre Mère. Cette année malheureusement, toutes ces célébrations tombent au moment où le monde traverse une crise sanitaire sans précèdent. Pendant ces moments difficiles de confinement, c’est le moment de recourir à notre maman du ciel qui nous aime et qui intercède pour notre monde. Que l’on soit seul ou avec les autres à la maison, il est temps donc de prendre son chapelet pour « contempler ensemble le visage du Christ avec le cœur de Marie, notre Mère.
Comme le dit le Pape François, « cela renforcera davantage nos liens nous rendra encore unis en tant que famille spirituelle et nous aidera à surmonter cette épreuve ». Méditons, contemplons le Christ avec sa Mère et par elle. Faisons une chaîne en égrenant notre chapelet, dans la confiance totale, et nous serons sauvés.
« Sous l’abri de ta miséricorde,
nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.
Ne méprise pas nos prières
quand nous sommes dans l’épreuve,
mais de tous les dangers
délivre-nous toujours,
Vierge glorieuse,
Vierge bienheureuse »
Reine de Beauraing, prie pour nous. Amen.
Sub tuum praesidium confugimus, sancta Dei Genitrix : nostras deprecationes ne despicias in necessitatibus, sed a periculis cunctis libera nos semper, Virgo gloriosa et benedicta. (IIIe siècle)
Abbé Léonidas Karekezi Habarugira, à Corroy-le-Château, le 29 avril 2020.
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